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L’ISNEA investi dans près de 10 projets de recherche scientifique !

Le suivi de l’état des populations, principalement par le dénombrement régulier des individus, demeure une source élémentaire et fondamentale d’informations. Bien que cette connaissance semble, a priori, simple à obtenir, nombreuses sont les études scientifiques qui insistent toutefois sur une bonne appréciation de la qualité des données, des stratégies de recensements (échantillonnage ou exhaustivité) et des méthodes d’analyses. Une fois cette étape franchie, il faut également se rendre à l’évidence que simplement constater une hausse, une stabilité ou une diminution des tendances d’effectifs pour une population donnée ne suffit plus pour définir et promouvoir une politique rigoureuse et juste de conservation des espèces. En effet, le jeu complexe des interactions ou de la coopération, entre les espèces et au sein des espèces, doit nous interpeller pour être plus ambitieux dans la compréhension des mécanismes biologiques et processus démographiques permettant d’expliquer les variations de la taille des populations, et ce d’autant plus lorsqu’il s’agit d’espèces migratrices. Nous savons aujourd’hui, à partir d’études conduites en Amérique du Nord, que la variation des effectifs de limicoles déduite à partir de dénombrements effectués sur des sites habituellement recensés depuis des années n’était en fait qu’apparente. En effet, ces espèces proies ont modifié leurs stratégies migratoires et leurs zones hivernales de stationnement en réponse à la perception du risque d’être prédaté en raison d’une augmentation des densités de faucons pélerins. Par ailleurs, comment expliquer que des populations d’oies à bec court, longtemps considérées comme vulnérables et ayant fait l’objet de mesures drastiques de protection face au dérangement humain  notamment, atteignent aujourd’hui des taux d’accroissement quasiment incontrôlables alors que les mesures de gestion, notamment au travers du plan européen de gestion, ont instauré un doublement des prélèvements par la chasse. Comme pour d’autres espèces d’oies (oie des neiges, oie cendrée), leur fonctionnement écologique en lien avec les effets des changements climatiques révèle quelquefois des surprises quant à la prédiction sur la dynamique des populations. Les progrès sceintifiques nous montrent de plus en plus que les espèces possèdent des mécanismes d’adaptation et d’acclimatation encore méconnus face aux variations prédictibles ou non de leur environnement ; d’où la nécessité de ne pas s’arrêter à des interprétations intuitives mais d’aller plus loin et de les mettre en évidence.

L’ISNEA, a pour objectif de travailler, de manière proactive, autant sur la connaissance de l’état des populations que sur la compréhension des processus biologiques et écologiques permettant d’expliquer les réponses adaptatvies des animaux face aux variables de l’environnement ainsi que leurs limites. Outre ses programmes propres de recherche, l’ISNEA, dans le cadre du programme scientifique national de la FNC, s’est vu confié la mission d’étendre le monitoring à toutes les espèces aviaires au travers d’une procédure ambitieuse et de qualité. Au total 18 départements participent cette année à ce vaste projet. Il s’ensuit l’étude d’envergure sur les notions du dérangement et de la perturbation suivant une approche scientifique pluridisciplinaire, ainsi que le suivi qualitatif des populations via la connaissance des ratios de l’âge et du sexe chez les anatidés grâce à la collaboration des associations de chasseurs-collecteurs (en particulier avec l’ANCGE par les lectures d’ailes, envoi direct des photos d’oies, …). Notre objectif est d’utiliser au maximum les données pouvant être recueillies sur l’oiseau en main grâce à la participation active des chasseurs.

Avec plusieurs millions d’oiseaux recensés et identifiés, les résultats obtenus sont déjà très prometteurs et constituent une avancée majeure dans le domaine de la connaissance des populations, notamment parmi les espèces chassées. La valorisation de ces données est en cours et va crescendo.

En outre, la fédération de l’Aisne nous a officiellement rejoint cette année en tant que membre actif, ce qui renforce nos ambitions de progresser en faveur d’une vraie démarche scientifique d’envergure au service d’une exploitation durable et soutenable des ressources naturelles (également renouvelables). Nos études ne sont pas en contradiction ou redondantes avec ce que font d’autres organismes de recherche, au contraire nous les complétons utilement et ajoutons une plus-value certaine à la seule connaissance des tendances démographiques. Il reste tellement à faire et sur tant d’espèces que nous ne pouvons faire l’économie d’étendre notre connaissance pour corriger le déséquilibre croissant entre les usagers de la nature. En effet, force est de constater que les politiques de gestion de l’oie cendrée, de l’oie à bec court et du canard siffleur par exemple, à partir des seules situations constatées aux Pays-Bas et dans d’autres pays du Nord sont tout simplement un non sens et insuffisamment réfléchies.

Les besoins financiers restent importants pour mener à bien ces vastes et nécessaires chantiers, aussi nous comptons sur la collaboration et le soutien du plus grand nombre.

Le Président de l’ISNEA

W. SCHRAEN

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Crédit photos et vidéos : Alexis De La Serre