Les travaux de recherche de l’ISNEA portent leurs fruits !

Publié le 16 février 2017

Sur plus d’un million d’oiseaux dénombrés parmi plus de 80 espèces inféodées aux zones humides dans plusieurs départements du Nord de la France, il s’avère que la pratique de la chasse (tous modes confondus mais avec une faible part de chasse à la passée) n’apparait pas comme un frein significatif dans le stationnement des espèces.

Les suivis des populations d’oiseaux conduits par l’ISNEA depuis 2012/2013, au cours des mois d’octobre à mars, englobant ainsi la période de chasse et de non chasse permettent d’avoir une connaissance fine de la variation interannuelle des effectifs pour plus de 80 espèces sur près de soixante sites régulièrement recensés. Ce travail dans lequel, à ce jour, plusieurs fédérations départementales des chasseurs sont impliquées est très important en vue d’apporter des compléments indispensables au prochain rapportage de la directive « oiseaux ».

Toutefois, ces dénombrements nous apportent d’autres informations capitales. En utilisant comme covariables différents facteurs caractérisant les plans d’eau (superficie, profondeur en eau, …) pour les intégrer dans des modèles mathématiques à effet mixte, il s’avère que l’activité de chasse n’est pas un frein significatif à la diversité spécifique ni à la densité des populations.

Pour l’ensemble des espèces chassables et protégées, respectivement, la densité des populations en zone chassée n’est pas significativement inférieure à celle des zones classées en réserve sans chasse (avec zone tampon). C’est même sur les sites chassés à pression modérée ou intermédiaire (type II) que la densité est la plus élevée. Outre les analyses que nous avons effectuées en regroupant les espèces selon leur statut « protégée » ou « chassable », l’exemple particulier du grèbe huppé montre que sa densité ne varie pas significativement entre les zones en réserve et celles où les activités de chasse s’exercent sur ou en périphérie des plans d’eau.

image densité

Il s’avère donc que le dérangement potentiellement lié à l’activité de chasse, telle que pratiquée actuellement dans ces départements français, ne soit pas une cause significative expliquant les différences de densités dans le stationnement des espèces ou que les actions d’aménagement des habitats initiés sur des zones de chasse soient bénéfiques à l’ensemble des oiseaux d’eau.

Ces résultats rejoignent d’autres données obtenues récemment en Amérique du Nord. Il s’avère donc que l’effet des activités de loisirs doit être relativisé au regard du fonctionnement hydrologique inhérent des zones humides. D’autres processus tel que l’acclimatation ou l’habituation à la perception du risque par les oiseaux par rapport aux activités humaines sont probablement aussi à invoquer. Ces études se poursuivent et pourront donc être très utiles pour améliorer la gestion des habitats et des espèces.

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