Le suivi des oiseaux dans le Nord de la France : un outil utile pour mieux comprendre les interactions entre les espèces et leur distribution en fonction des changements environnementaux.

Publié le 5 septembre 2013

Communication affichée présentée au congrès européen d’ornithologie à NORWICH (Grande-Bretagne), 27-31 Août 2013.

EOU 2013 insea Vtr

Traduction française.

Le suivi des oiseaux dans le Nord de la France : un outil utile pour mieux comprendre les interactions entre les espèces et leur distribution en fonction des changements environnementaux.

Mathieu BOOS et Moana GRYSAN

La France est une zone majeure d’hivernage et de passage pour de nombreuses espèces distribuées dans le Nord-Ouest de l’Europe. Afin de contribuer efficacement à la conservation de l’avifaune et de ses habitats, le réseau français pour le dénombrement des oiseaux demeure épars et nécessite d’être renforcé avec des sites complémentaires. Neuf départements dans le Nord de la France ont ainsi engagé un programme d’envergure pour le suivi des oiseaux tout au long de l’année. Ce programme est centré sur le recensement  de près 200 espèces appartenant aux oiseaux des champs, rapaces et oiseaux d’eau.

Une haute qualité des données est requise ! Les observateurs sont qualifiés et exercés à identifier et dénombrer avec exactitude les différentes espèces. Les méthodes de recensements sont fondées sur des protocoles officiels établis par le Muséum National français d’Histoire Naturelle et suivent les recommandations de Wetlands International. La probabilité de détection et les effets observateurs ont été évalués à deux périodes de la saison d’hivernage (correspondant à une abondance faible et élevée des espèces).

Le suivi des migrateurs en plaine montre qu’il peut exister de grandes différences entre 2 sites de suivis pourtant proches. Ainsi sur le site traditionnel de Sion, visité quotidiennement,  il se dénombre jusqu’à 10 fois moins d’alouettes des champs que sur le site de Sivry (54). Cela soulève un questionnement sur la pertinence des sites traditionnels de recensement selon les espèces et/ou sur le changement dans le choix des routes de migration.

Chez les oiseaux inféodés aux zones humides, l’abondance n’est pas implicitement liée à l’occurrence (proportion de site ou au moins individu d’une espèce est vu).

Par ailleurs, nous avons réalisé une analyse comparative entre les sites suivis « chassés », « en réserve sans chasse à proximité » et « en réserve avec une activité de chasse à proximité ». En tenant compte de la superficie par site comme covariable (le nombre d’individus recensés étant corrélé à la surface prospectée), le modèle linéaire généralisé montre que le nombre des espèces protégées recensées ne diffère pas significativement (p>0,10) selon le caractère chassé ou en réserve des sites. En revanche, le nombre d’individus appartenant aux espèces chassables est significativement plus important (p<0,01) sur les zones en réserve dont la chasse s’exerce à proximité.

En conclusion. L’abondance des espèces inféodées aux zones humides était la plus élevée en décembre alors que la diversité spécifique était la plus importante en janvier. Comme l’abondance des espèces n’est pas liée à l’occurrence, les dénombrements des oiseaux hivernant devraient être conduits sur un panel exhaustif de sites. En effet, omettre un ou plusieurs sites pourrait entrainer des biais importants dans l’estimation de la taille des populations.

Bien que le nombre médian (corrigé par la surface du site) des oiseaux inféodés aux zones humides et appartenant aux espèces protégées ne différait pas selon les caractéristiques des sites, le nombre d’oiseaux gibier était le plus élevé sur les zones en réserve avec une activité de chasse à proximité. Etant donné que les réserves ont été créées alors que la chasse se pratiquait déjà, ces résultats confortent la théorie du risque de prédation. Les espèces protégées (non chassées) perçoivent manifestement moins la chasse comme un risque majeur pouvant hypothéquer leur survie et les espèces gibier tirent bien profit des sites refuges situés à proximité des zones de chasse. Des comparaisons pluriannuelles sont nécessaires.

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