La biodiversité limitée par le dérangement humain ? Pas si certain.

Publié le 24 novembre 2015

Le dérangement induit par les activités humaines (activités récréatives et sportives y compris la chasse et la pêche, activités économiques…) est souvent considéré comme un facteur limitant le stationnement des espèces. Il a même été avancé que la présence humaine dans les espaces naturels stérilisait les territoires (?!). Sans argumentation scientifique approfondie intégrant l’influence de divers facteurs environnementaux ainsi que le fonctionnement biologique propre à chaque espèce, un tel raisonnement intuitif pourrait à priori sembler logique ou du moins arranger les positions dogmatiques de certains. Mais qu’en est-il réellement ? Répondre à une telle question est d’une importance capitale car les gestionnaires et pouvoirs publics, en charge de l’aménagement des territoires, risqueraient de prendre des décisions sur la base de raisonnements faussés ou spéculatifs avec des objectifs de sanctuarisation extrême qui ne correspondent en fait pas aux réalités biologiques.reve de chasseur !

Sur la base de méta-analyses réalisées à partir de toutes les publications scientifiques parues en la matière, le risque d’un impact négatif apparait plus avéré durant la période de reproduction des animaux que durant la période d’hivernage. Plusieurs publications récentes montrent par ailleurs que les mammifères et les oiseaux notamment, sont plus tolérants vis à vis des activités humaines lorsqu’ils évoluent dans des environnements dérangés. Cette capacité d’habituation ou d’acclimatation est trop souvent ignorée alors qu’elle constitue une adaptation avérée dans le monde animal. En fait, ce n’est que de manière exceptionnelle que le dérangement humain peut entrainer une perturbation au point d’affecter durablement et significativement les chances de survie ou de reproduction des individus. Outre les études conduites en Amérique du Nord et dans d’autres régions en Europe, les suivis réalisés depuis quelques années par l’ISNEA sur plus de 50 sites différents montrent que la densité des oiseaux d’eau (chassables ou protégés) est avant tout liée à la profondeur des plans d’eau et à la superficie des zones humides. De plus, en tenant compte de ces facteurs comme covariables, il s’avère que la biodiversité est équivalente voire significativement plus élevée dans les zones dérangées (toutes activités confondues y compris par la chasse et dans la limite des fréquences et durées constatées à ce jour) comparativement à des zones classées en réserve. Ces résultats, a priori contre-intuitifs, n’ont cependant rien de paradoxal lorsque l’on s’intéresse à l’écologie évolutive, car les animaux ont de tous temps évolué dans des environnements dynamiques. L’ISNEA travaille tout particulièrement sur ce sujet selon une approche scientifique pluridisciplinaire, c’est pour cette raison que la poursuite des suivis de terrain sont d’une haute importance. Outre les retombées pratiques évidentes de ces résultats en terme de gestion des territoires, il s’agit également d’établir de vraies expertises permettant de comprendre les limites biologiques des espèces et ainsi de développer de nouveaux outils permettant de trouver des équilibres justes entre d’une part le maintien ou le développement des activités humaines et d’autre part la conservation des espèces.

A lire : http://geoc.mnhn.fr/wp-content/uploads/sites/3/2015/03/GEOC_2013_Avis_derangement.pdf

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